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Florence, le 16 juillet 2017 – Soroptimist International d’Europe (SIE) a décerné son Prix de la paix 2017 à Gégé Katana Bukuru de la République démocratique du Congo pour son admirable et courageux engagement dans la lutte pour les droits des femmes dans son pays natal déchiré par la guerre depuis plus d’un quart de siècle. Gégé Katana Bukuru a persisté dans ses efforts malgré des menaces de mort, des arrestations arbitraires, des vols et le pillage systématique de ses biens, sans oublier l’interdiction de voyager dont elle est l’objet depuis presque dix ans. La lauréate du prix de cette année a été annoncée lors du 21ème Congrès SIE, qui s’est tenu à Florence, en Italie, et auquel ont assisté plus de 800 femmes venues du monde entier. Comme symbole de ses réalisations, Gégé a également reçu la statue du Prix de la Paix, faite par l’artiste Bettina Scholl-Sabbatini (voir ci-dessus).

 

Katana-Gege-Bukuru

 

Proposée par SI Belgique sur la recommandation du SI Club Marche-en-Famenne, Gégé Katana Bukuru a été sélectionnée par un jury international composé de l’Autrichienne Edith Schlaffer, lauréate du Prix de la paix en 2015 et fondatrice de l’organisation « Femmes sans frontières», de la Portugaise Caterina de Albuquerque, rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement, de la Norvégienne Hege Braekhus, professeure de droit à l’Université de Tromsø, de Róża Gräfin von Thun und Hohenstein, membre du Parlement européen pour la Pologne et de la Suisse Renata Trottmann Probst Présidente élue de SIE et présidente du jury.

 

Surnommée « Maman Gégé » ou « la dame de fer de la RDC », Gégé se bat à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, pour les droits de toutes les femmes, indépendamment de leur race ou de leur appartenance politique ou religieuse. Les rebelles particulièrement violents qui sévissent dans cette région représentent une menace constante et les femmes y sont régulièrement victimes d’agressions sexuelles et soumises à des déplacements forcés, à des arrestations arbitraires et à la torture.

 

Gégé Katana Bukuru est née le 31 décembre 1963 en RDC. Elle est la fille aînée d’un chef traditionnel et son père lui a transmis un fort sens des responsabilités envers son peuple. Elle a étudié à l’Université Lumière Lyon 2 et s’est formée et a effectué des recherches au Centre de Formation et de Recherche Coopératives, à l’Association rwandaise pour la promotion du développement intégré et à l’Institut panafricain pour le développement.

 

Elle a entre autres collaboré avec le Réseau des femmes pour un développement associatif, le groupe « Rien sans les femmes », « la plateforme des femmes pour l’accord-cadre pour la paix » soutenue par le Fonds mondial pour les femmes, l’Institut pour le développement et l’éducation des adultes en Afrique et la Synergie des organisations féminines contre les violences faites aux femmes dans le Sud-Kivu.

 

Amnesty International a reconnu l’action de Maman Gégé et lui a apporté son soutien pour son indéfectible détermination. En 2007, Gégé est devenue la première femme à recevoir le Prix Front Line Defenders créé pour les défenseur-ses des droits humains en danger, dont l’objectif est d’assurer la protection des défenseur-ses des droits humains non-violents et de faire respecter les droits garantis par la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

 

En 2001, Gégé a fondé la SOFAD, la Solidarité des femmes activistes pour la défense des droits humains, un réseau local qui réunit plus de six cents femmes qui combattent pour les droits économiques, socio-culturels, civils et politiques en Afrique orientale, une région dans laquelle les violences sexuelles contre les femmes, y compris les femmes âgées et les très jeunes filles sont considérées par les deux forces militaires en présence, comme étant une « prise de guerre » légitime.

 

La SOFAD prodigue aux survivantes de viol et d’agressions sexuelles une assistance psychosociale, médicale et légale au sein de la communauté. La SOFAD travaille également à développer une autonomie économique, politique et sociale plus étendue pour les femmes en organisant des ateliers et des formations qui leur apprennent et les encouragent à participer aux processus de recherche de la paix, ainsi qu’à la vie politique, et à gérer leurs propres affaires et à utiliser les technologies de communication pour accéder à l’information et aux médias.

 

La SOFAD soutient et encourage les femmes ainsi formées et devenues autonomes à créer, lorsque cela est possible, des « clubs pour la paix » ou des « cellules pour la paix » au sein de leur propre quartier. Ceux-ci peuvent ainsi servir de première ligne de défense pour les femmes vivant sur place en les informant de leurs droits et en tentant de mettre un terme à la violence sexuelle, y compris la violence conjugale. Jusqu’à présent, 625 activistes formées par la SOFAD ont créé une cinquantaine de cellules de paix dans la région d’Uvira et de Fizi.

 

Soroptimist International d’Europe a créé le Prix de la paix en 2005 afin d’honorer des femmes visionnaires pour leurs contributions exceptionnelles pour la promotion ou le maintien de la paix au sein de leurs communautés et au-delà. Les précédentes lauréates du Prix de la paix sont Vera Bohle (2005), Carla del Ponte (2007), Valdete Idrizi (2009), Sylvia Borren (2011), Silvia Arbia (2013) et le Dr. Edit Schlaffer (2015).

 

En tant que plus importante des quatre fédérations de Soroptimist International, SIE est un réseau qui réunit plus de 34 000 femmes du monde des affaires ou de différentes professions qui agissent aux niveaux local, national et international pour éduquer, soutenir et rendre autonomes les femmes et les petites filles et leur permettre d’améliorer leur vie. Chaque année, les Soroptimists soutiennent, financent et/ou réalisent environ 4 500 projets, et environ 1,7 million de femmes ont déjà pu bénéficier de ces efforts au cours des cinq dernières années. Soroptimist International d’Europe dispose d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) et d’un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe et du Lobby européen des femmes. Grâce à ses représentantes au sein de ces institutions, SIE est en position d’agir en tant que fervent défenseur des droits des femmes.

 

Voici le CV complet de Gégé Katana Bukuru