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Dans le cadre des activités organisées avant la Réunion des Gouverneures de Lucerne, trois présentations interactives ont été proposées. Chacune de ces présentations a été menée par une défenseur renommée et expérimentée des droits des femmes : la Dr Ghada Hatem-Gantzer, Cathrin Schauer-Kelpin et Alina Radu. À travers des discours inspirants, elles ont montré comment elles consacrent leur vie à défendre les femmes dans leurs domaines et pays respectifs.

« La Maison des femmes de Saint-Denis, un lieu de soin qui promeut l’autonomie des femmes », par Dr. Ghada Hatem-Gantzer

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Dr Ghata Hatem-Gantzer ©Helen Ree

 

Ancienne interne des hôpitaux de Paris, Docteur Ghada Hatem-Gantzer est gynécologue. Après avoir exercé dans plusieurs établissements en tant que Médecin chef de service, et avoir fondé plusieurs centres d’Assistance Médicale à la procréation, elle a créé en 2016 en Seine-Saint-Denis, la « Maison des Femmes », pour « réparer » les femmes victimes d’excision, de viols, d’incestes, de violences physiques et psychologiques.

 

Au début de son intervention à Lucerne, Ghada a rappelé qu’au cours des cent dernières années, il y a eu une importante accélération dans le domaine du droit des femmes avec notamment le droit de vote et le droit de travailler sans l’autorisation du mari, la disparition de la puissance paternelle au profit de l’autorité parentale, la reconnaissance du viol conjugal, et enfin le droit à la contraception et l’avortement.

Mais il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les violences auxquelles sont confrontées les femmes.

 

Les nombreux échanges avec les Soroptimist participant à l’Atelier lui ont permis d’expliquer que les gynécologues sont régulièrement confrontés à des traditions néfastes et violentes : demandes de réparation d’hymen pour respecter une coutume moyenâgeuse et humiliante, celle d’afficher un drap souillé à la fenêtre le lendemain des noces ; prise en charge des mutilations sexuelles, dont la prévalence diminue très lentement et dont les conséquences sur la santé et la sexualité sont dramatiques ; mariages forcés en général associés aux violences conjugales avec des impacts prouvés sur la santé psychique des enfants ; antécédents de viols et d’incestes. Toutes ces situations provoquent un état de stress post-traumatique et nécessitent une prise en charge spécifique.

 

La Maison des femmes est une structure qui assure la prise en charge pluridisciplinaire de toutes les formes de violences faites aux femmes, au sein des trois secteurs qui la constituent : le planning familial, l’unité violences, et l’unité de réparation des mutilations sexuelles. En 2017, elle a offert plus de 17 000 consultations aux femmes victimes de violences.

 

La particularité de cette structure est son mode d’entrée par le soin, et la coordination des parcours qu’elle permet grâce à une prise en charge pluri-professionnelle : soignants, travailleurs sociaux, policiers, juristes et avocats échangent leurs informations et organisent la prise en charge la plus adaptée. Les récits de vie, si terribles soient-ils, sont un secret médical partagé qui évite aux femmes de répéter inlassablement leur parcours. Animés par des bénévoles, les ateliers d’amélioration de l’estime de soi complètent avec succès cette prise en charge.

 

Ainsi, la Maison des femmes partage les objectifs et s’inscrit dans les valeurs du Mouvement Soroptimist !

 

Veuillez cliquer ici pour en savoir plus sur La Maison des femmes

 

Cet article est ecrit par Evelyne Para, Présidente de l’Union Française, et modératrice de cette présentation. 

« Prostitution forcée, trafic d’êtres humains et exploitation sexuelle des femmes et des enfants dans les régions frontalières de la République tchèque », par Cathrin Schauer-Kelpin

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Ingeborg Dietz et Cathrin Schaeur-Kelpin (droite) ©Helen Ree

 

Ayant travaillé plus de 20 ans avec les femmes et les enfants touchés, Cathrin Schauer-Kelpin connaît bien le contexte social, économique et criminel et les conditions de la prostitution forcée.

 

KARO e. V. est une organisation basée à Plaun, en Allemagne, qui œuvre contre l’isolement social, l’appauvrissement et les maladies des personnes concernées. Elle dispose de centres de conseil, de refuges et de boîtes à bébés. Elle est également active dans la rue et fait aussi un travail de relations publiques. Elle permet à certaines de ces femmes de sortir de la prostitution forcée et s’oppose en outre fermement aux violations des droits de l’homme et au crime organisé.

 

KARO s’engage pour l’interdiction de la prostitution, qui viole la dignité humaine.

 

Cathrin Schauer, fondatrice de cette initiative, a indiqué que le milieu de la prostitution est caractérisé par la violence, les mauvais traitements, le crime organisé et des violations graves des droits de l’homme. La prostitution met en danger les femmes et les hommes contraints de vendre jour et nuit leur corps.

 

Dans le cadre du programme qui a précédé la Réunion des Gouverneures du SIE de Lucerne, Cathrin Schauer a parlé à 40 Soroptimist allemandes de ce terrible sujet. Elle a présenté des études de cas et dépeint la vie quotidienne des femmes victimes. Son regard de spécialiste nous a permis d’avoir un aperçu d’un domaine sociopolitique et de vies que personne dans l’assistance ne pouvait imaginer.

 

Ce qui réunit KARO e.V. et le Soroptimisme, c’est qu’ils donnent tous deux une voie aux femmes et aux filles qui n’en ont pas. Cathrin Schauer, qui travaille sur le terrain, a sobrement partagé avec un auditoire intéressé ses connaissances sur ce qui arrive à ces femmes et ces filles dont la vie quotidienne est dominée par le mépris. Les cas individuels sont trop complexes pour être présentés, mais un message très clair est ressorti : malgré de nombreux efforts, le problème du trafic d’êtres humains et de la prostitution forcée existe sans quasiment être reconnu et n’est pas accepté au sein de la société comme un problème qui nous concerne tous.

 

La violence, les mauvais traitements, le trafic d’êtres humains et l’exploitation sexuelle ne sont que quelques-uns des nombreux aspects déplorables de notre société. La vulnérabilité d’une personne est souvent exploitée de manière impitoyable par les touristes sexuels, les maquereaux, les compagnons et la famille, qui abandonnent des âmes brisées à leur propre destinée. KARO e.V. s’occupe du problème et offre divers services d’assistance.

 

Toutefois, cet engagement ne suffit pas. Soroptimist International pourrait aussi être impliqué et participer à la sensibilisation. Nous pourrions aider à la diffusion du message et attirer l’attention des parties prenantes et des personnes qui occupent une fonction officielle.

 

La présentation de Cathrin a éveillé la curiosité des Soroptimist, qui ont posé de nombreuses questions. Cathrin a répondu avec brio aux questions sur les mesures prises par les autorités, sur la manière dont elle et son association entrent en contact avec le groupe cible spécifique, et sur la façon dont une femme peut quitter le monde de la prostitution forcée.

 

Le travail de Cathrin Schauer et de son équipe chez KARO e.V. sensibilise au sujet de la prostitution forcée, du trafic d’êtres humains et de l’exploitation sexuelle.

 

Les points clés de l’intervention pourront inciter le SIE à soutenir l’engagement de KARO e.V. pour offrir de nouvelles perspectives d’avenir aux femmes qui osent se soustraire à ce monde criminel.

 

Ensemble, nous pourrions défendre encore davantage les femmes et agir pour créer un monde où personne n’est laissé de côté.

 

Cliquez ici pour en savoir plus sur KARO e. V.

 

Cet article est ecrit par Ingeborg Dietz, Directrice de Programme du SIE, et modératrice de cette présentation. 

« Journalisme d’investigation (féminin) contre la corruption (masculine) » par Alina Radu

 

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Alina Radu ©Helen Ree

 

Alina Radu est une personne qui mérite l’admiration de toutes pour son travail de longue haleine contre le trafic d’êtres humains. Comme elle l’affirme à juste titre, « la vie humaine et la liberté sont les choses les plus précieuses au monde ».

 

Née dans un village moldave, Alina Radu a étudié à la faculté de journalisme de l’Université de Moldavie, dont elle a été diplômée en 1989. À partir de 1997, elle a participé à des cours organisés par des associations de formation internationales dans le domaine des médias en Bulgarie, aux États-Unis, en Albanie, en Grèce, en Slovaquie, en Finlande et en Bosnie.

 

Elle a commencé sa carrière en travaillant à la télévision d’État moldave. Après l’indépendance de la République de Moldavie par rapport à l’Union soviétique en 1991, elle a travaillé pour le premier média moldave indépendant. Dans les dernières années, avec quelques femmes journalistes moldaves, elle a fondé le journal d’investigation indépendant « Ziarul de Garda » (« Le Garde »).

 

Alina a été la première personne à enquêter sur le trafic d’organes en Moldavie. Bien que la police moldave et d’autres autorités affirment l’absence de victimes de trafic de reins, elle a découvert dans des villages quelque 40 personnes qui avaient été contraintes à vendre ou à donner leurs organes.

Elle a diffusé l’information, rapidement reprise dans un rapport du Conseil de l’Europe sur le trafic d’organes en Europe, basé sur les cas moldaves et l’enquête d’Alina.

 

Pour ses nombreuses enquêtes sur les trafics touchant les femmes, Alina n’a pas seulement étudié la situation dans son propre pays, l’une des principales sources balkaniques de filles victimes de trafic. Elle s’est aussi rendue en Albanie, en Macédoine, en Bulgarie, en Bosnie et en Serbie pour y trouver des victimes moldaves. Elle s’est penchée sur la disparition de filles et de femmes, et sur les mauvais traitements que leur infligent les soldats des forces de maintien de la paix et les policiers. Elle s’est aussi intéressée aux réseaux de trafiquants, et a écrit sur eux et la façon dont ils procèdent en faisant part de ses conclusions dans des articles et documentaires.

 

Ses reportages sur les problèmes des enfants et des femmes ont été publiés et diffusés dans les médias moldaves, français, anglais, allemands, américains, serbes, norvégiens et suédois. Son travail a été reconnu par des organisations internationales et nationales. Elle a remporté des prix importants pour ses enquêtes sur le trafic et les problèmes des femmes.

 

Avec ses articles, Alina a sensibilisé au sujet de ce problème et de la nécessité de le résoudre. Elle défend ardemment l’indépendance, la liberté de parole et la liberté de la presse.

 

Sa présentation a suscité beaucoup de questions de l’assistance sur la manière dont elle réussit à continuer, en mettant en danger sa propre personne et sa famille, et à garder l’inspiration pour travailler en faveur de la liberté de parole. De nombreuses Soroptimist ont fait part de leur admiration pour son travail contre le trafic et ont indiqué vouloir soutenir financièrement son journal en Moldavie.

 

Assister à sa présentation était très inspirant. Elle nous a montré qu’il ne faut jamais abandonner, quelle que soit la puissance et l’influence de l’adversaire.

 

Cliquez ici pour en savoir plus sur Alina Radu

 

Cet article est ecrit par Bente Lene Christensen, Présidente de l’Union Norvégienne, et modératrice de cette présentation.